Maman, je veux venir avec toi

D'aucuns diront que je suis une maman atypique voire marginale. A plus d'un titre... J'ai trois enfants qui partagent ponctuellement mon quotidien. La plupart du temps, je vis seule... Au départ, cette configuration liée à une situation personnelle difficile et précaire était une nécessité subie avec beaucoup de souffrance. Aujourd'hui, cette configuration est devenue un choix assumé. Un choix qui suscite bien souvent incompréhension et sévères critiques. Si j'ai d'abord été rongée de honte et de culpabilité, pensant que j'étais une "mère indigne", j'ai fini par dépasser ces sentiments et j'ai voulu donner un sens à cette épreuve en tirant partie de ma situation pour accomplir des choses qui me rendraient digne d'eux. J'ai donc essayé de faire en sorte que mon absence n'altère en rien la qualité de mes liens avec mes enfants et qu'elle soit également une source d'inspiration pour leur construction et leur avenir. Chaque moment passé avec eux, chez moi comme au téléphone, est un moment "plein" où nous vivons les mots et les actes avec beaucoup plus de profondeur.

Et aujourd'hui, la maman et la femme que je suis sont très heureuses...

Hier soir, mon projet de trek a pris un nouveau virage, inattendu.

Léa, ma fille aînée, bientôt âgée de 11 ans, m'a appelée hier soir et m'a dit : "maman, je veux venir avec toi en Écosse". Surprise... 

Comme à son habitude de petite fille (surdouée), elle m'a exposé un de ses longs argumentaires dont elle a le secret pour essayer de me convaincre de ses choix et de ses envies... Il n'aura pas fallu longtemps avant que je ne craque (amis parents, je pense que vous me comprendrez) et j'ai donc accepté de la laisser m'accompagner dans les Highlands. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé de l'en dissuader : "il va faire froid", "il va pleuvoir", "tu devras marcher beaucoup et longtemps", "la nuit les températures risquent d'être négatives", "tu vas manquer une semaine d'école", rien à faire, elle est déterminée à me suivre !

Pragmatique, son papa a n'a pas accueilli la nouvelle avec un grand enthousiasme et a rapidement pris son téléphone pour m'avancer les risques d'un tel périple pour une petite fille de 11 ans.

Je lui ai alors rétorqué que les risques ne sont que des calculs abstraits qui font seulement les jours heureux des assureurs. A vivre sans péril, on triomphe sans gloire ! Et puis, je ne suis pas de ces parents qui mettent leurs enfants sous globe... Je pense devoir développer leur curiosité en les ouvrant au monde, à sa diversité, à ses beautés, à cette idée que vouloir une vie sans risques c'est non seulement un pari impossible mais surtout, une vie vécue sans prendre aucun risque c'est une vie gâchée. Je crois que cette capacité à convaincre, Léa en a hérité de moi, car après discussion avec son papa, il s'est ravisé : "Après tout, j'aurais aimé à son âge vivre une aventure pareille". 

Alors, oui, après tout, pourquoi pas ?... Ce sera là une occasion de partage exceptionnel avec elle, un voyage qui restera gravé dans nos mémoires. Et puis, j'y vois là une opportunité parfaite de lui transmettre ce goût de la découverte, de la nature, des grands espaces... Et ce périple compensera largement la semaine d'école manquée. Sport, histoire, geographie, anglais, sciences de la vie et de la terre, ce trek sera plus que formateur !

En octobre, les Highlands verront donc passé une mère aventurière et sa fille, des étoiles plein les yeux et de l'amour plein le coeur ..